Défi alimentaire mondial de 2050 Faute de meilleurs rendements, une crise foncière mondiale paraît inévitable
La volatilité des prix est liée à une croissance de la demande de produits agricoles que l’offre peine à satisfaire. Elle sera à l’origine d’une crise économique mondiale d’origine foncière faute de gains de productivité et de terres agricoles suffisantes pour produire. Premiers signes avant coureurs, mais pas des moindres, des stocks de reports de céréales de fin de campagne très tendus depuis deux ans, le maïs Ogm qui ne tient pas ses promesses et le programme de développement des biocarburants aux Etats-Unis qui déséquilibre durablement les marchés agricoles mondiaux.
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Ces propos sont d’autant plus étonnants qu’ils émanent, de Dan Basse, président d’AgRessource et expert américain des marchés agricoles que personne ne peut accuser d’altermondialiste. Il s’était exprimé lors de la conférence « La géopolitique du blé : visions croisées de l’Atlantique à la Méditerranée » organisée le 30 juin par InVivo dont voici la teneur.
La demande de produits agricoles a été multipliée par trois en 45 ans
Selon lui, la production de biocarburants est durablement envisageable si elle repose sur la production de biomasse avec des rendements énergétiques meilleurs que ceux actuellement obtenus avec le maïs. Mais il n’en est rien. Elle réduit l’offre alimentaire, qu’il est pourtant nécessaire d’accroître chaque année de 20 millions de tonnes de céréales, soit l’équivalent de 8,5 millions d’hectares supplémentaires à cultiver en blé, maïs ou riz, à rendements constants. Or les seules régions disposant de terres encore inexploitées sont les pays de la Mer noire et l’Amérique du Sud. Mais l’instabilité politique réduit l’attrait des investisseurs potentiels. Ailleurs, en Chine et en Inde par exemple, l’urbanisation diminue les surfaces agricoles disponibles.
Or si la demande de produits agricoles a été multipliée par trois en 45 ans, elle devra encore croître de 70 % d’ici 2050. Aussi, c’est davantage l’augmentation de la productivité agricole, et donc de la production, que la transparence de marchés et les autres mesures adoptées dans le plan d’actions du G20 qui pourront réduire rapidement la volatilité des marchés agricoles.
Toutes les formes d’agriculture ont leur place pour relever ce défi
Dans un tel contexte, l’avenir de la recherche classique assise sur la sélection variétale est assuré car les Ogm déçoivent. Ils ne font gagner que quelques années de productivité. Seule l’obtention de nouvelles variétés, avec des rendements meilleurs, partout dans le monde, et en priorité en Afrique où la croissance démographique sera la plus forte dans les prochaines années, renforcera la sécurité alimentaire des pays du Sud comme ceux du Nord.
Et avec des prix agricoles en hausse (les marges sont grandes car les prix actuels sont équivalents à ceux de 1960 selon Dan Basse !), toutes les formes d’agriculture ont leur place pour relever ce défi. Moins consommatrice d’énergie fossile, l’agriculture paysanne multifonctionnelle aura un rôle majeur en retenant davantage les populations dans les campagnes.
L’équilibre alimentaire mondial « maïsodépendant » Le maïs éthanol américain est aujourd’hui la clé de voûte de l’équilibre alimentaire mondial. Et la volonté de réduire les subventions des farmers producteurs de maïs destiné à la production d’éthanol n’y changera rien car les experts sont convaincus que les prochaines hausses compenseront le manque à gagner. L’outil industriel est prêt à importer des quantités massives de céréales pour rentabiliser ses investissements. |
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